Les marionnettes de mon enfance se sont prolongées tard dans ma vie. A vingt-cinq ans j’en dirigeais encore une troupe.
Si, bien après, je me suis mis à bricoler sur de grandes scènes d’opéra, c’est grâce à une chaine de relations amicales qui relia deux de mes âges : mon petit théâtre fit venir à moi Luc Ferrari qui me conduisit vers Pierre Schaeffer ami d’Arman lequel incita Jacques Kerchache à faire ma première exposition en 1973.Vingt ans après, Kerchache conseille à Jean-Louis Martinoty de me faire participer à sa mise en scène du MEFISTOFELE de Boito.
Le projet est de massacrer avec sa complicité les costumes classiques créés par Daniel Ogier pour la scène du Carnaval de Pâques.
Deux mètres-cubes d’objets ménagers au rebut sont déversés dans les ateliers de l’opéra de Bâle pour affubler les manches à gigot et tuniques brodées.Un courant d’indignation circulant dans les coulisses, Jean-Louis me demande de trouver à "intégrer" mes horreurs : je les peins en or.
Trois ans après, à Karlsruhe, Martinoty montant AMADIGI de Haendel me charge de travestir les monstres de l’Enfer informatique édifié par le scénographe Hans Schavernosch.
Les Cerbères sont casqués de vieilles télés, leur sexe est un gyrophare de police. Les Furies sont de même accoutrées avec des objets de récupe, cette fois argentés. et quand Melissa pousse son cri de mort, elle se transforme en arbre de Noël.
La décennie suivante, lors du FAUST de Gounod à Naples, Ruggero Raimondi me glisse : "J’aime beaucoup votre tableau". Cette Tour de Babel importée du Bruegel land et que Hans a tranchée en estrades mobiles.Le Veau d’Or est toujours debout mais sous forme de pompe à essence et l’orgue de la cathédrale a de grandes dents...